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Les Voyageurs Expriment un Fort Intérët pour les Forfaits «Tout Compris»

Source: Business Magazine No. 1599

Author: RESHMEE BHEEMUCK

Intervention by: Shazia Tincowree – Agency Manager

Date: 28/06/23 – 04/07/23

ALORS QUE LE TOURISME REPREND DU POIL DE LA BÊTE, LES VOYAGEURS ONT TENDANCE À PRIVILÉGIER LES FORFAITS «TOUT COMPRIS». UNE PRATIQUE QUI NE FAIT TOUTEFOIS PAS L’UNANIMITÉ PARMI TOUS LES

OPÉRATEURS.

BIEN avant la pandémie, une tendance a émergé dans l’industrie touristique: les séjours all inclusive. Ces formules «tout compris» offrent aux touristes une expérience de vacances com-plète, incluant l’hébergement, les repas, les boissons et des activités diverses, le tout dans un seul forfait. Avec la reprise dans le tourisme, le «tout compris» est aujourd’hui encore plus populaire.

Or, l’activité touristique a un apport non négligeable en termes d’effet multiplicateur.

Ainsi, si le secteur contribuait directement environ 12% du PIB en 2018, avec des recettes de Rs 64 milliards, sa contribution indirecte tournant autour de 23% du PIB. Cela parce que l’activité touristique profite indirectement aussi aux restaurants, plaisanciers, chauffeurs de taxi, commerces de proximité, arti-sans, entre autres. La critique à l’encontre de l’all inclusive, c’est que cette formule impacte les activités de ces opérateurs car elle incite les touristes à ne pas sortir de leurs hôtels.

Le président de l’Association of Inbound Operators Mauri-tius, Bruno Lebreux, reconnaît qu’effectivement la formule all inclusive peut impacter les recettes de ces opérateurs qui gagnent leur vie indirectement grace au tourisme. «C’est pour cela qu’il nous faut un consensus sur la question. C’est une vague qu’une destination comme Maurice ne peut arreter. On devrait surtout surfer sur cette vague pour ces bé-néfices. Je vois l’all inclusive comme une opportunité plutôt qu’un danger le crois que tout est une question d’adaptation ; il faut pouvoir de toutes les façons faire cohabiter toutes les formules pour que tout le monde en sorte gagnant De toutes les façons, je ne pense pas qu’il faille avoir une ligne dictatoriale à ce sujet, mais plutôt laisser le marche être régulé par la demande et l’offre», observe-t-il.

Rappelant que les séjours en all inclusive font partie de l’offre hôtelière depuis maintenant plus de deux décennies, Bruno Lebreux ajoute qu’il est vrai que c’est un sujet de controverse, «/l y a deux écoles de pensée et je crois qu’ils ont tous deux raisons… et tort

En tant que réceptif, je milite évidemment pour que le touriste fasse plus de decouvertes de notre ile, et qu’en ce faisant, cela contribuera aussi à la découverte de l’intérieur de lile, des petits restaurants et autres activités touristiques.

Mais cela ne peut se faire sans la contribution des hôtels, tour-ope-rateurs et le développement de notre offre touristique. Le demande pour l’all inclusive impacte plus de 25 % de nos arrivées touristiques», fait-il savoir.

Pour Jocelyn Kwok, le CEO de l’Association des hôteliers et restaurateurs de lile Maurice (AHRIM), c’est un faux débat. Car le «tout compris» n’empêche pas le touriste de sortir. Bien au contraire. «Beaucoup de touristes en all inclusive’ disposent de leur pack dejeuner pour leur balade de la journée. Il est estimé que 14 % des touristes en formule «tout compris» à l’hôtel ne sortent pas du tout.

Cela veut dire que 86% sortent au moins une fois et jusqu’à dix fois durant leur séjour d’une durée moyenne de 10 jours. La pratique du «tout compris à Maurice reste très éloignée des exemples de désertification des villes que l’on a pu voir dans le cas de certains pays d’Europe où elle est très répandues, fait-il remarquer.

TROUVER UN ÉQUILIBRE

Pour sa part, Shazia Tin-cowree-Beegun, Agency Manager de Mauritius Getaway By Shamal, affirme que bien que l’all inclusive puisse présenter des avantages pratiques pour certains visiteurs, il est essentiel de maintenir un équilibre afin de soutenir également les activités locales et de promouvoir une expérience touristique diversifiée dans l’ile. Elle souligne l’importance de l’implication des operateurs locaux pour assurer une croissance économique équilibrée et durable à Maurice.

Que rapportent les différentes formules de séjour que proposent les hôteliers aux vacanciers ? À cette question, Jocelyn Kwok précise que l’AHRIM ne dispose pas de données mises à jour par rapport au «tout compris», à la formule en demi-pension et au Bed only. «Nous ne disposons pas de donnees récentes permettant de savoir laquelle est la plus de-mandée. En 2018, il était estimé que 42 % des touristes optaient pour la formule tout compris, 28 % pour la demi-pension et 21 % pour le Bed only/B&B. Il ne faut bien entendu pas croire que cette formule plaise à tous les tou-ristes», souligne Jocelyn Kwok.

En cette période de reprise dans le secteur touristique, Joce lyn Kwok précise que les séjours «tout compris» sont en grande demande. Il note une plus grande propension, apres la crise sani-taire, à se laisser vivre, une sorte de «fatigue décisionnelle» de la part des voyageurs. Selon lui, les touristes qui nous arrivent veulent se libérer l’esprit et ne demandent qu’à être pris en charge, à accueillir les propositions de repas et autres programmes de sorties déjà établis par leurs tour-operateurs, et prepayes sans autre supplément à gérer et compter. Ce phénomène est observé un peu partout dans le monde pendant cette phase actuelle de relance et de reprise.

Concernant l’impact sur les bénéfices des hôteliers, il affirme que «tout compris» ne veut pas dire «moins cher» pour l’hôte-lier. Avec le souhait de «rester à l’hôtel» vient aussi une certaine exigence de service. La profitabilité dépend du segment prix, de la place que l’établissement accorde à cette formule dans sa stratégie de positionnement et de la demande pour ses offres qui sont en supplément du «tout compris» déjà prépayé. Tout hôtelier sait ajuster son business model de façon à ne pas perdre de l’argent avec la formule «tout compris». Et Jocelyn Kwok de conclure: «Il faut bien comprendre que l’offre ‘all inclusive’ est une réponse à la demande du marché et elle peut se décliner sur plusieurs segments de prix. Ce n’est pas une formule figée Les marchés anglais et allemand sont particulièrement demandeurs de cette formule. C’est egalement le cas du Mauricien qui va à l’hôte!».

Comment sont réparties les dépenses des tourists

Selon Statistics Mauritius, en 2018, les dépenses d’hébergement ont atteint Rs 40,3 milliards, tandis que les dépenses en repas et boissons s’élevaient à Rs 5,9 milliards.

Les dépenses de transport et de divertissement se situaient respectivement à Rs 2,7 milliards et Rs 7,7 milliards. Les dépenses liées au shopping étaient de Rs 5,1 milliards

Améliorer le concept «tout compris»

Il est nécessaire de donner plus de choix aux clients et d’améliorer l’offre culinaire à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des hôtels, insiste Bruno Lebreux. Par exemple, les hôteliers peuvent proposer des plats typiquement mauriciens ou encore augmenter le nombre de tables d’hôtes et d’autres petites structures gustatives, à l’instar de ce qui se fait à La Réunion et à Rodrigues.

Quant à Jocelyn Kwok, il soutient que la formule «tout compris» continuera toujours de séduire les voyageurs, car elle leur offre des vacances plus libres et moins preoccupantes.Selon lui, lorsque tout est prévu à l’avance, il n’y a aucun risque de dépasser son budget, ce qui est particulièrement avantageux pour les familles avec enfants. Bien que la préférence pour cette formule ait eté très forte après la période post-Covid-19, la demande reste très dynamique et il y a une grande variabilité entre les différents segments de prix.

Pour sa part, Shazia Tincowree-Beegun indique que les voyageurs recherchent désormais une expérience plus immersive et variée, mettant en valeur la riche culture de Maurice. Ainsi, on constate une évolution vers des options plus flexibles qui permettent aux visiteurs de pleinement découvrir les charmes uniques de l’ile.